L’entrée du dragon chinois dans le secteur de la FinTech est désormais une réalité. Déjà en 1973, Alain Peyrefitte nous annonçait dans un essai devenu un best-seller ; Quand la Chine s’éveillera… le monde tremblera. En effet, cette prédiction s’est réalisée et la Chine est devenue l’usine du monde, et accessoirement la première puissance économique mondiale calculée selon le modèle de parité de pouvoir d’achat. Le géant de l’e-commerce Alibaba introduit en bourse à des niveaux record pour près de 200 milliards de dollars, vient d’acquérir le spécialiste du transfert d’argent MoneyGram via sa filiale d’Alibaba Ant.
Lorsque l’on sait l’ambition de son patron Jack Ma, ainsi que la puissance financière dont dispose Alibaba, grâce à son 1,3 milliards de clients potentiels, l’on peut s’attendre à entrer dans une nouvelle ère, une révolution globale du secteur financier. Cette nouvelle entité appelée officiellement AliPay, est en réalité née en 2004. Pour 880 millions de dollars, elle s’est donc offert le N°2 des transferts d’argent, dont l’acte de naissance date de 1940 et qui est un acteur très bien ancré dans la finance traditionnelle. Tandis qu’Alibaba vient d’un univers totalement digital, puisque son cœur de métier reste la vente en ligne.
Ant financial, la fourmi qui valait 70 milliards
Lorsque l’on compare les capitalisations boursières des deux sociétés, les écarts sont vertigineux. Si la société Ant Financial dispose d’une capitalisation estimée à 70 milliards de dollars, Les experts estiment qu’elle atteindra et dépassera prochainement le cap des 100 milliards de dollars. Pour info, la célèbre banque d’affaires américaines Goldman Sachs pèse aujourd’hui environ 100 milliards de dollars. MoneyGram malgré la gestion de 2,4 milliards de comptes, et un réseau physique de plus de 350 000 boutiques et points- Services ne lui aura coûté qu’un peu moins d’un milliard de dollars. Le projet FinTech d’Alibaba ne manque pas d’ambition, comme en atteste la récente déclaration du PDG d’Ant Financial. L’objectif clairement affiché est de convertir 2 milliards de personnes actuellement sans compte bancaire, ou sous-bancarisées dans la décennie à venir.
Comme bien souvent avec le mode de conduite des affaires dans l’empire du milieu, la stratégie a été soigneusement dessinée. Elle est articulée autour de la transformation en clients de l’ensemble des utilisateurs de ses produits et services financiers, en adeptes des transferts internationaux de MoneyGram.
Alibaba à l’assaut du transfert d’argent sans compte bancaire
Cet événement a une portée gigantesque, n’en déplaise aux institutions financières traitant avec dédain les jeunes pousses de la FinTech qui auraient l’outrecuidance d’empiéter sur leurs plates-bandes. Elles sont encore bien trop nombreuses dans le déni, pensant que c’est start-up pour grandir n’auront d’autre choix que de collaborer. Ou que pour se défendre face aux start-ups de la finance et leur capacité d’innovation, leur trésor de guerre leur permettra de racheter celles qui auront connu le succès.
Le rachat de MoneyGram par Ant Financial devrait être un révélateur, le modus operandi d’une catastrophe à venir. De par leur politique de l’autruche, les acteurs historiques de la finance ne sont pas à l’abri d’être absorbé par les vainqueurs d’aujourd’hui et de demain de la FinTech. Que ces start-ups soient des jeunes pousses à la croissance exponentielle, ou des géants du Web bien établis. Ironiquement, les deux, ce qu’est justement Alibaba, qui vient de montrer avec sa récente acquisition, que ce scénario fait désormais partie de la réalité. Les menaces de disruption guettent plus que jamais l’ancien monde de la finance.
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