La collaboration entre FinTech et grands groupes bancaires repart sur de nouvelles bases, si l’on en croit la communication (biaisée ?), de nombreuses institutions financières. Un changement perceptible dans le ton et la narrative utilisée pour promouvoir des événements de type forum, concours, ou encore structures d’accueil dédiées, de type incubateurs. L’idée suggérée est que désormais ces vénérables établissements de la banque et de l’assurance ayant traversé le siècle dernier pour certaines, sont devenues en l’espace de quelques mois des championnes de la révolution digitale. Alors, FinTech et grands groupes bancaires, la hache de guerre est-elle réellement enterrée, et quelle est la portée des progrès accomplis dans la collaboration avec les jeunes pousses pour réinventer la banque 2.0, et ainsi redéfinir les usages et services bancaires d’aujourd’hui et de demain.
Le succès rencontré par les FinTech les plus agiles, avec de belles histoires telles que le compte nickel, premier compte sans banque en France racheté il y a peu par le groupe BNP Paribas. Ou encore l’allemande N 26 qui ne cesse de surprendre par son agilité et sa rapidité à intégrer de nouveaux services, avec une carte bancaire haut de gamme, une application de gestion de comptes sans banque, et désormais une offre de crédit à la consommation. Au-delà de la communication, qui visent essentiellement à séduire leur horde de clients captifs, les banques sentent le vent du boulet, et cherchent à séduire les jeunes pousses qui inventeront les offres de demain.
La paix entre FinTech et grands groupes bancaires ?
Pour rappel une collaboration saine entre FinTech et grands groupes bancaires a pour objectif d’apprendre aux dernières d’autres manières de travailler. Avec des cycles courts plus rapides, moins gourmands en ressources, et surtout avec une agilité indispensable pour s’adapter aux attentes des clients. Seule une organisation de type start-up permet de mettre le maximum de chances de son côté pour atteindre de tels objectifs.
Dans la pratique lorsque tout se passe bien, les start-ups de la FinTech démarrent leur collaboration avec les grandes institutions financières grâce à des petits contrats. Ce qui permet aux grands groupes de déployer rapidement des solutions banque 2.0 innovantes et fonctionnelles. Les grands groupes utilisent alors leurs ressources pour communiquer de façon avantageuse, sur leur modernité et leur capacité à innover et assurer leur transformation digitale.
Pour répondre de façon impartiale à la question de la collaboration entre FinTech et grands groupes bancaires. Il est nécessaire de se demander d’abord ce qui a changé ces dernières années, le recours à la sous-traitance via des acteurs externes a toujours existé. Un phénomène renforcé avec l’évolution étourdissante de la technologie, les groupes bancaires semblent comprendre peu à peu, que d’autres acteurs font mieux qu’elles et à moindre coût. Dès lors, la multiplication de projets menés en collaboration entre FinTech et grands groupes bancaires n’est qu’un retour à la normale, une façon traditionnelle de sous-traiter certaines tâches un acteur plus compétitif, et donc moins cher. Et lorsqu’une pépite est découverte, les banques délient le cordon de la bourse pour se l’offrir, à l’image du crédit mutuel Arkéa qui s’est payé Leetchi.
Une collaboration qui va dans le bon sens
Si l’on vit dans un monde où la communication est prépondérante, au bout du compte ce n’est pas de cette manière que l’entreprise peut espérer se transformer. Le client même après avoir ingurgité des milliers de messages publicitaires et d’incitation commerciale, choisira un produit en fonction de ses besoins. S’il est indéniable que la collaboration entre FinTech et grands groupes bancaires va dans le bon sens. L’utilisation de sous-traitants, ou l’achat de solutions innovantes à des PME spécialisées ne permettra pas à ces institutions financières de réellement effectuer la révolution digitale. Si la hache de guerre a bien été enterrée entre les 2 meilleurs ennemis, le changement réel ne s’opérera dans les grands groupes que lorsque la culture d’entreprise incitant à remettre en cause l’existant, à réfléchir différemment les modèles économiques, explorer de nouveaux métiers. Alors seulement, les institutions financières pourront clamer haut et fort leur révolution numérique, car au final, la technologie n’est pas le réel vecteur de transformation, celle-ci n’est qu’un outil au service d’une idée.