Le monde de la banque digitale est actuellement rythmé par les rachats en cascade, tous les secteurs y passent. Le compte sans banque attise l’appétit des gros acteurs bancaires, mais aussi des assurances et des établissements financiers traditionnels. Parmi les FinTech à succès rachetées par les banques l’on peut nommer le compte nickel, désormais dans le giron de la BNP Paribas. Ulule, est soutenu par la Maif et BNP Paribas, Lendix par BPIFrance et la cagnotte Leetchi a été croquée dès 2015 par le Crédit Mutuel Arkéa. La Banque Postale a fait l’acquisition de 100% du capital de KissKissBankBank & Co, pionnier du Crowdfunding en France.
La Banque Postale veut bâtir une autre banque digitale
Cet article consacré au rachat d’une autre licorne de la FinTech, leader français du financement participatif revient sur la tendance actuelle dans le monde de la banque digitale. En effet, l’acquisition par la banque postale de KissKissBankBank, est en réalité un mariage de raison. Les jeunes pousses doivent désormais trouver rapidement un partenaire financier aux reins solides, car le secteur de la banque digitale est de plus en plus concurrentiel. L’on assiste donc à changement fondamental, désormais les FinTech ne sont plus les ennemis jurés des banques, mais bien de nouveaux partenaires.
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Les fondateurs de la start-up KissKissBankBank expliquent d’ailleurs que leur situation était intenable, car ses principaux concurrents ont le soutien d’un industriel du secteur bancaire. Après une première levée de fonds de 2 millions d’euros, puis une seconde de 5,5 millions d’euros, KissKiss cherchait un soutien plus important. “On aurait pu lever à nouveau des fonds, mais nos moyens seraient restés disproportionnés par rapport aux autres”, confie Vincent Ricordeau. L’entrepreneur mise donc sur La Banque Postale pour amplifier son travail de pédagogie. “Nous avons séduit 1,3 million de Français, mais il en reste 20 à 30 millions à convaincre”, estime le cofondateur.
Le financement participatif un modèle de banque digitale qui plaît
Les 45 collaborateurs de KissKissBankBank & Co seront donc amenés à collaborer étroitement avec les équipes digitales de La Banque Postale. Collaboration qui ne sera pas nouvelle puisque les entités travaillent ensemble depuis 2011 autour de différents partenariats. KissKissBankBank & Co conservera, en revanche, son indépendance complète. C’est en tout cas ce que promet Vincent Ricordeau, soucieux de préserver l’ADN de son entreprise. Toutes les précautions semblent donc avoir été prises pour que l’éléphant n’écrase pas la souris.
En s’alliant à la banque postale, les créateurs de KissKissBankBank pourront ainsi profiter du réseau de l’établissement bancaire pour toucher les petites entreprises, les associations et les collectivités territoriales. Si le montant de la transaction n’a pas été dévoilé, le secteur du Crowdfunding en France opérée à travers 3 plates-formes, a réussi à collecter 83 millions d’euros. Pour la banque postale le rachat de KissKissBankBank va lui permettre d’acquérir les briques indispensables pour bâtir une autre banque digitale.
L’expérience et l’expertise en banque digitale de KissKissBankBank va permettre de mettre au point une offre 100 % mobile. La Banque Postale explique que cette acquisition s’inscrit directement dans sa stratégie de transformation digitale. “Cette acquisition est la première étape de la constitution d’un écosystème qui a trois jambes”, explique Olivier Levy Barouch, directeur adjoint de la stratégie et du développement de La Banque Postale. Cet univers en construction s’articulera autour de KissKissBankBank, pour créer une offre banque digitale «mobile first”, dont le lancement est prévu en octobre 2018.
Un partenariat gagnant-gagnant pour la banque postale et KissKissBankBank
Les deux entités prévoient d’ouvrir un incubateur de start-up dans le 10ème arrondissement de Paris qui permettra d’explorer de nouveaux produits et de maintenir la capacité créative de la start-up. Son centre d’intérêt ira au-delà des seules Fintechs. “Nous sommes intéressés par tout ce qui est lié à l’indépendance financière et créative de l’individu”, explique Vincent Ricordeau. “Nous nous intéresserons aux start-up en phase d’amorçage pour les aider dans leur première phase de développement”, ajoute Olivier Levy Barouch, directeur adjoint de la stratégie et du développement de La Banque Postale.
Vincent Ricordeau rappelle qu’au tout début, en 2009, la plate-forme de financement participatif servait uniquement aux financements de projets artistiques. Les contributions des participants étant basées sur le modèle du don avec contrepartie, l’idée a ensuite été déclinée au financement de projets personnels grâce à un financement solidaire via la plate-forme Hello-Merci. Ensuite, la start-up lance la plate-forme Lendopolis pour le financement des entreprises françaises, qui lui a permis de recueillir plus de 12 millions d’euros pour financer 180 entreprises, en seulement 2 ans d’existence.
Les taux d’intérêt proposés par la plate-forme de près financier pour les PME françaises varient entre 5 à 10 %. Le succès des 3 plates-formes de financement participatif a permis ainsi de financer 27 000 projets et de collecter 83 millions d’euros. Des chiffres que la jeune entreprise Co fondée par Monsieur Vincent Ricordeau n’hésite pas à avancer pour s’autoproclamer “leader européen du Crowdfunding”.
Crowdfunding, brique d’un nouvel écosystème banque digitale
Le modèle économique de la start-up se base sur une commission de 5 %, ce qui lui a permis d’enregistrer un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros en 2016, alors que l’objectif pour l’exercice 2017 est de franchir le cap des 3 millions d’euros. La part la plus importante des revenus générés par les 3 applications de financement participatif, est réalisée sur la plate-forme dédiée aux projets créatifs. En revanche, en termes de croissance c’est la plate-forme de financement des PME Lendopolis qui est en tête.
Comme évoqué précédemment, en s’associant avec la Banque Postale, le spécialiste du Crowdfunding en France espère notamment toucher plus facilement des cibles telles que les associations, les petites entreprises, mais aussi les acteurs territoriaux. Des publics que connaît bien La Banque Postale. “D’ici 12 mois, sur le web et en agence, les agents de La Banque Postale distribueront les plates-formes de KissKissBankBank & Co. Ils vont être formés pour pouvoir réorienter leurs clients vers des solutions alternatives”, avance Vincent Ricordeau.
Ce rapprochement permettra-il à La Banque Postale de bâtir une banque mobile qui ne ressemble pas à tous les autres ? Oui, à condition que celle soit axée sur l’expérience de la relation qu’a un individu avec son argent et ses projets, plutôt qu’un énième catalogue de services digitalisé et qu’il faut vendre en utilisant les vieilles ficelles du métier et usées à la corde”.
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