Cet article intitulé : C’est quoi une Fintech ? Est le premier d’un dossier spécial en 2 parties sur la Fintech.
C’est quoi une FinTech ? Ce mot pas si nouveau que ça (le terme FinTech aurait été utilisé par la presse anglo-saxonne spécialisée pour la première fois au milieu des années 80 90) a été rapidement galvaudé devant le succès de ces nouveaux acteurs. Un phénomène identique à celui des Biotech (un terme né cette fois de la contraction des mots biologie et technologie) et dont vous avez peut-être été témoins de l’avènement.
Une FinTech qui est la contraction de finance et de technologie est une start-up qui tente de se faire une place dans les services financiers bancaires à l’aide des nouvelles technologies. Elles utilisent un modèle visant à bousculer les acteurs établis du secteur, notamment avec une gratuité de nombreux services, rendu possible grâce à l’automatisation. Sur le vieux continent, l’avènement de la FinTech a été possible grâce à la libéralisation voulue par l’union européenne, notamment en assouplissant les conditions d’obtention d’une licence bancaire.
Avant de rentrer dans le détail afin de bien comprendre c’est quoi une FinTech, un petit cours d’histoire rapide s’impose, rassurez-vous celle-ci ne débute qu’après 2007. En effet, ironiquement ce sont les banques à l’origine de la crise financière de 2008 qui ont accouché du secteur de la FinTech. Porté par un mouvement d’inquiétude quant à la réelle solidité du système financier et la sécurité des fonds des déposants confiés aux banques. Des entreprises innovantes se sont créées avec un personnel jeune et dynamique nourri au biberon numérique, et donc maîtrisant parfaitement les TIC, l’intelligence artificielle et le Big data. Les FinTech sont nés d’une utopie, avec la prise de conscience de la fragilité du système financier, et de la disparition de la garantie sur les dépôts bancaires.
C’est quoi une FinTech exactement ?
Une FinTech peut effectivement être un établissement de paiement, mais pas que cela. Les créateurs de ce mouvement avaient pour ambition de fournir des services financiers de façon plus efficace et un prix plus compétitif. Il faudra attendre 2015, considéré comme l’année de l’explosion de la FinTech devenant grand public. En effet, durant cette seule année près de 50 milliards de dollars ont été investi par les fonds de capital-risque dans des start-ups de la FinTech.
Si en France, il aura fallu attendre avril 2017, pour voir un gros acteur bancaire acquérir une FinTech, avec le rachat de la success story compte nickel par la BNP Paribas pour 200 millions d’euros. Compte nickel, le compte sans banque qu’on achète dans son tabac, entre un jeu à gratter et son journal, a séduit plus de 500 000 Français en moins de 3 ans.
Aujourd’hui, les acquisitions d’acteurs institutionnels se poursuivent à bon rythme avec notamment le rachat de la Fintech KissKissBankBank par La Banque Postale, ou encore Morning par la banque Edel appartenant au groupe Édouard Leclerc, réagissant au lancement du compte sans banque C-Zam de son concurrent Carrefour. Sans oublier l’opérateur téléphonique numéro un en France Orange qui souhaite lui aussi lancer son compte Mobile First Orange Bank.
Malgré ses coups d’éclats médiatiques, une étude récente du cabinet Deloitte, estime que plus des 2 tiers des Français ne sont pas familiers avec le terme FinTech, seuls 4 % de la population sait de quoi il retourne, tandis que le même pourcentage confond FinTech avec fitness… Toutefois, les experts estiment qu’il va falloir désormais compter avec ses nouveaux acteurs, d’autant plus que ceux-ci disposent maintenant de partenaires financièrement solides, et disposant d’une quantité phénoménale de données sur leurs clients (pour la protection de notre vie privée on dit merci qui ? Merci la CNIL !).
C’est quoi une Fintech ? Néo banque, Crowdfunding, robo-advisors ?
En effet, la réponse à la question c’est quoi une Fintech, eh bien c’est tout ça ; néo banque, Crowdfunding, robo-advisors assurance, gestion de patrimoine. Tous les services autour du paiement et plus largement de la finance personnelle et d’entreprise risquent de passer à la sulfateuse au dépoussiérage façon Fintech. Le contexte posé et l’historique déroulé, nous pouvons nous pencher un peu plus précisément pour savoir c’est quoi une FinTech. En réalité on pourrait parler de FinTech au pluriel, car l’on distingue plusieurs catégories.
Les FinTech BtoC
Les FinTech travaillant BtoC elle s’adresse donc au grand public, c’est notamment le cas des banques 2.0, ou néo banque. Des acteurs 100 % digitaux n’ayant aucune agence et proposant un compte sans banque avec une carte bancaire prépayée un tarif très bas. Le Compte Nickel, le compte N 26, Starling Bank, etc. Les cagnottes en ligne sont une autre création des FinTech, les plus connus sont Leetchi ou LePotCommun, les applications de paiement comme Lydia ou de gestion des finances personnelles (Bankin, Linxo). On doit aussi aux FinTech les tableaux de bord et outils de gestion de patrimoine comme Grisbee, et les conseillers financiers les robots d’investissement automatisés.
Les FinTech BtoB
Les FinTech s’attaquent aussi au BtoB, les acteurs du business-to-business développent des outils pour fournir des services financiers innovants aux entreprises, grands comptes et PME. Avec par exemple des services de transfert de devises en ligne proposés par TransferWise ou d’affacturage dématérialisé.
Les Fintech BtoBtoC
Les Fintech BtoBtoC (business-to-business-to-consumer), sont à l’origine des plateformes de financement participatif comme KissKissBankBank, Ulule. Elle propose la mise en relation de porteurs ou de créateurs de projets avec des investisseurs particuliers ou professionnels, ou encore le prêt aux PME qui est la spécialité des plates-formes Lendix et Lendosphère.
Les Assurtech
Un secteur dans lequel les FinTech œuvrent énormément, et qui est beaucoup moins médiatisé, conduisant doucement à l’Ubérisation de l’assurance. En effet, les FinTech s’attaque aussi à l’assurance, les spécialistes les appels dans ce cas des Insurtech, à l’image de fluo, ou encore Inspeer ou Otherwise, qui propose de l’assurance collaborative, ou Alan et son assurance santé 100 % digitale.
Les Regtechs
Les Regtech comme Fortia ou Neuroprofiler, sont un autre type de FinTech spécialisée dans la mise au point de solutions technologiques visant à répondre aux contraintes réglementaires et de conformité des acteurs bancaires principalement (notamment dans la connaissance client ou « KYC » dans le jargon).
Le monde de la FinTech dominé par les USA et la Chine
Comme évoqué précédemment, il n’est pas nécessaire de posséder une licence bancaire pour être estampillé FinTech. En effet, si la néo banque allemande N26 ou la britannique Atom Bank possède bien une licence bancaire. Les FinTech sont soumis à l’autorité du régulateur financier de leur pays d’origine. En France, c’est l’autorité de contrôle prudentiel et de résolution l’ACPR Banque de France qui gère l’aspect réglementaire des FinTech. Elles peuvent être classées en tant qu’établissement de paiement, société de gestion de portefeuille, conseil en investissement participatif, ou prestataire de services d’investissement, ou encore tout simplement conseiller en investissements financiers.
Progressivement les acteurs du vieux continent rattrapent leur retard sur leurs homologues d’outre-Atlantique et de l’empire du milieu. Les plus gros acteurs sont chinois (Ant Financial, filiale d’Alibaba) ou américains (Stripe). Sans surprise, ces deux pays sont largement en avance sur l’intégration des FinTech dans leur économie afin de fluidifier les paiements, et démocratiser le compte sans banque et la carte bancaire. En effet, l’atout numéro un des FinTech, c’est qu’il est possible d’accéder à une multitude de services financiers classiques et novateurs depuis son Smartphone. En un mot vous avez à votre disposition au bout des doigts un conseiller financier, un conseiller en assurance, ou la possibilité d’effectuer des paiements de façon quasiment transparente et en temps réel.
Les Fintech européennes bien placées
Ainsi en 2016 d’après le classement des 100 entreprises issues de la FinTech établit chaque année par le cabinet d’études KPMG, 3 FinTech française (Lendix, Leetchi et Fluo) font partie du top 100. Ce classement très sérieux est publié gratuitement chaque trimestre, avec une édition spéciale chaque année. Pour produire le classement KPMG utilise la base de données capital-risque de son partenaire CB Insights. Pourtant, avec la chute et les déboires de leader comme Lending Club aux États-Unis. KPMG nous apprend que les levées de fonds des start-ups de la FinTech ont été divisées par 2 en 2016 par rapport à 2015, soit 25 milliards de dollars.
TransferWise, une Fintech européenne qui tire son épingle du jeu
Une somme considérable par rapport aux niveaux d’investissement en Europe estimés à 2,2 milliards de dollars. Toutefois, certaines FinTech du vieux continent sont de véritables licornes pesant plus d’un milliard de dollars, comme c’est le cas pour la spécialiste britannique du transfert de devises TransferWise. En France c’est le compte Nickel qui est la Fintech la mieux valorisée après son rachat par BNP-Paribas pour la coquette somme de 200 millions tout de même. Même si les ordres de grandeur ne sont pas comparables, la FrenchTech à de belles cartes à jouer comme le démontre la récente levée de fond de 40 millions de livres par la Fintech Younitedcredit, spécialisée dans le financement participatif.
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