Si l’on peut se réjouir du nombre croissant acteurs de la néo-banque désirant révolutionner les usages bancaires, certains projets insuffisamment préparés vont rapidement se transformer en une fuite en avant éperdue. En effet, que l’on suive ou non l’actualité de la FinTech, du compte sans banque, banque mobile first et de la néo banque en général.
Il ne vous aura donc sans doute pas échappé que l’on assiste depuis quelques mois à une accélération du lancement de start-ups ayant pour ambition déclarée de révolutionner les usages de la banque. Un phénomène qui explique pourquoi de nombreuses jeunes pousses de la FinTech et acteurs de la néo-banque annoncent leur volonté et ambition de muter vers la banque 2.0. Ce récent phénomène a été observé pour la première fois outre-Manche, au Royaume-Uni, désormais celui-ci traverse la Manche et cette tendance touche désormais l’Hexagone.
Les acteurs de la néo-banque anglaise en avance
Ce n’est pas un hasard ce phénomène a d’abord été observé au Royaume-Uni, la perfide Albion abrite en effet de nombreuses jeunes pousses désormais arrivées au stade de la maturité. Cette avance des nouveaux entrants dans les paiements à l’image de Revolut, a permis aux FinTech britannique de développer des offres solides axées sur la satisfaction client. Fort de ce succès, il était donc logique que ces acteurs de la néo-banque souhaitent acquérir une licence bancaire, ne serait-ce que pour accéder à d’autres relais de croissance, notamment le crédit bancaire, mais aussi dans une volonté d’affirmation de leur indépendance face à leurs banques partenaires.
Le modèle du transfert d’argent entre amis vers un compte bancaire classique reste néanmoins valable. Les entrepreneurs de la FinTech françaises l’ont bien compris, et tentent tous d’implémenter les solutions disponibles à ce jour, afin d’accélérer leur expansion. À ce titre, l’hexagone est un véritable eldorado, tant la France manque de néo banques réellement indépendantes, et porteuses de projets sérieux, c’est à dire capables de réveiller les géants du secteur bancaire et financier. La start-up toulousaine Morning est un précurseur en la matière, même si elle en a payé le prix fort par un manque de préparation, mais aussi une opacité et un manque de rigueur qui lui auront été fatale.
Quel modèle pour les acteurs de la néo-banque française ?
Et c’est bien là que le bât blesse, car une multitude de nouveaux acteurs de la néo-banque se lancent dans l’aventure pour de mauvaises raisons et sans bien mesurer l’ampleur du défi qu’ils cherchent à relever. La recherche d’une licence bancaire sonne pour certaines sonne comme un aveu d’échec, face à la difficulté de mettre sur pied un modèle économique bénéficiaire. Dès lors, de nombreuses FinTech non d’autres options que d’explorer des solutions alternatives, le plus souvent hasardeuses.
Ainsi, il est logique que de plus en plus de FinTech des 2 côtés de la Manche se lancent dans l’acquisition d’une licence bancaire, celle-ci étant littéralement devenu le Saint Graal des start-ups de la banque 2.0. En effet, la licence bancaire permet la multiplication des sources de revenus, notamment via la collecte des dépôts, et l’attribution de crédits. Une démarche qui ironiquement renvoie au modèle de la banque à papa si cher aux établissements bancaires traditionnels.
Cette incohérence flagrante induit l’illusion qu’il est possible pour une FinTech ou pour les nouveaux entrants ou acteurs de la néo-banque, grâce à une licence bancaire d’atteindre la rentabilité à court terme. Or, contrairement aux banques généralistes qui s’appuient sur les effets d’échelle pour être lucratives, l’avantage compétitif des start-ups réside dans leur maîtrise de la technologie et des dépenses afin d’abaisser le cout d’un service bancaire donné.
Les pièges à éviter pour les acteurs de la néo-banque
Nombre d’entre elles font l’erreur de surestimer le degré de confiance dont elles bénéficient de la part des utilisateurs de leurs solutions. En effet, la plupart d’entre elles ont du mal à évaluer correctement les freins qu’il peut y avoir de passer d’un outil de paiement entre amis et le passage à un compte sans banque. Sans même parler de la lourdeur et du coup de la mise en place des infrastructures nécessaires pour être en conformité face aux exigences d’une licence bancaire.
Malgré le sombre tableau dépeint, tout n’est pas perdu pour autant, les utilisateurs et consommateurs que nous sommes ont tout à gagner à la naissance d’un écosystème florissant de néo banques françaises et européennes. Toutefois, peu de start-ups prennent réellement conscience des enjeux qu’implique une telle proposition, condition sine qua non pour proposer un modèle viable de néo banque. Les échelles de temps de l’ordre de la décennie et le montant des investissements nécessaires (150 millions d’euros ?) Mettront donc mécaniquement hors-jeu de nombreuses FinTech mal préparées.