Cette année, 242 279 signalements de fraudes à la carte bancaire ont été enregistrés sur la plateforme Perceval, gérée par la gendarmerie. Depuis septembre, les signalements s’accélèrent.
Vous êtes toujours en possession de votre carte bancaire, mais des débits inexpliqués apparaissent sur votre compte ? Achats en ligne, voyages, commande multimédia… Vous avez été victime d’une fraude à la carte bancaire. En moyenne, une carte fraudée est utilisée pour 4,13 paiements en ligne. En septembre, le montant moyen des fraudes était de 615 €, selon les chiffres de la gendarmerie.
Léo Dalla Favera, 32 ans, a subi, mi-septembre, l’une de ces fraudes à la carte bancaire. « Nous avons vu, sur notre compte commun, une série d’opérations qui sortaient de nulle part, témoigne-t-il. Une de 300 € et dix-sept débits de 99 €. Toutes ont été effectuées chez Apple. Je ne sais pas comment ces opérations ont pu avoir lieu. Je n’effectue pas d’achat en ligne. »
Les fraudes à la carte bancaire sont-elles en hausse ?
Oui. Les chiffres de la gendarmerie le confirment. Depuis septembre, les signalements pour fraudes à la carte bancaire s’envolent. La plateforme Perceval enregistre habituellement environ 800 signalements par jour. « En septembre, il y a eu 1 061 signalements par jour », confie le capitaine Lestrelin. Le mois dernier, 31 851 dossiers ont été enregistrés, contre 24 674 en avril.
Pourquoi cette envolée ?
Depuis le début du confinement, les paiements par carte bancaire ont été plus nombreux. En même temps, des commerçants ont développé la vente en ligne, parfois dans l’urgence, en déployant des sites marchands pas toujours très bien sécurisés.
Quelles sont les méthodes des escrocs ?
La technique la plus utilisée en 2019, selon l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement, est l’hameçonnage. Sans s’en rendre compte, les victimes se connectent à un site frauduleux et renseignent leur numéro de carte.
Viennent ensuite les logiciels malveillants. L’un des systèmes les plus répandus, le « keylogger », « permet d’enregistrer les touches frappées au clavier par la victime », explique l’Observatoire. Il y a aussi le « skimming ». Une puce insérée dans le lecteur de carte à la station-service ou au distributeur de billets collecte les informations de votre carte. Autre technique : le détournement du paiement sans contact. Dans des transports bondés, par exemple, l’escroc approche son boîtier de votre carte et déclenche un paiement sans contact à votre insu.
Comment s’en prémunir ?
Protéger sa carte dans un étui qui empêche le sans-contact. Autre conseil du capitaine Lestrelin, « suivre son compte bancaire et vérifier, ligne par ligne, les dépenses. Si des opérations semblent bizarres, il faut le signaler à sa banque. »
Les banques remboursent-elles les fraudes à la carte bancaire ?
« Elles sont tenues par la loi de procéder au remboursement intégral des débits frauduleux », rappelle Interstat, dans son bilan 2019. Dans les faits, ce n’est pas toujours le cas. « La responsabilité (du client) sera engagée et les opérations non autorisées resteront à sa charge s’il a fait preuve de négligence grave, notamment dans la conservation de son code » , prévient la Fédération bancaire française (FBF).
Ces remboursements ont un coût colossal pour les banques. En 2019, la fraude déclarée représentait un total de 1,182 milliard d’euros. « Un montant proche de celui remboursé par les banques », précise la FBF. Mais pas de détails sur le montant remboursé pour des fraudes à la carte bancaire. UFC-Que choisir a sondé des consommateurs victimes de fraude : « 30 % n’ont pas été remboursés cette année. »