L’anonymat pour les cartes bancaires prépayées fait désormais partie du passé. La loi sapin 2 avait déjà ouvert une brèche et annonçait la fin du droit à la discrétion pour ce moyen de paiement novateur. Le décret publié le 13 novembre dernier au Journal Officiel enterre définitivement l’anonymat pour les cartes bancaires prépayées.
L’anonymat pour les cartes bancaires prépayées a servit aux auteurs des attentats qui ont frappé la France en novembre 2015. L’on se souviendra qu’à la veille des attentats de Paris et Saint-Denis, le terroriste Salah Abdeslam avait utilisé une carte bancaire prépayée pour assurer la location de deux chambres dans un appart hôtel d’Alfortville dans le Val-de-Marne
En effet, il faudra désormais fournir son identité dès le premier euro, tandis que les cartes bancaires ayant atteint des dépôt et retraits d’espèces supérieures à 10 000 € par mois seront signalés systématiquement à Tracfin.
La start-up Creacard victime de son succès
Les dégâts collatéraux de ces nouvelles mesures pour lutter contre le financement du terrorisme touchent durement la start-up Creacard. En effet, ce nouveau décret a conduit au blocage de milliers de transactions pour cette FinTech, tandis que les clients incrédules estiment être victimes d’une vaste escroquerie.
Le leader français de la carte de paiement prépayée situé à Neuilly-sur-Seine réalise un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros par an. C’est en effet à la société Creacard que l’on doit les cartes prépayées PCS fonctionnant sur le réseau MasterCard. Son créateur Philippe Aim explique son succès ainsi : « On peut retirer de l’argent, effectuer un paiement en magasin ou réaliser des achats en ligne, énumère Philip Aim, fondateur et directeur général de Creacard. En fait, ce qui la différencie d’une carte classique, c’est qu’elle n’est pas nominative. »
Un décret, publié le 13 novembre dernier au « Journal officiel », met en effet un terme à l’anonymat des utilisateurs de ces cartes bancaires pas tout à fait comme les autres. Conséquences : des tonnes de transactions bloquées d’un côté. Et de l’autre, plusieurs milliers de clients convaincus d’être victimes d’une vaste escroquerie.
L’émetteur de la carte PCS et clients payent le prix fort
M. Philip Aim, le fondateur de la start-up Fintech Creacard estime que le délai d’application du décret est bien trop court pour informer les 375 000 clients qui lui ont fait confiance. Celui-ci pointe du doigt que la mesure prise en novembre visant à instaurer la prise identité dès le premier euro ne peut pas être mise en application en quelques semaines. La société Creacard se trouve dans l’impossibilité matérielle et temporelle d’assurer des procédures d’identification de ces 375 000 clients.
Le dirigeant déclare à ce sujet : « Résultat, on doit faire face à des milliers de réclamations, se désole M. Philip Aim. J’ai embauché du monde pour renforcer le service clients, on fait des journées à rallonge, mais, malgré ça, il reste 1 800 mails en attente et plus de 3 400 appels à traiter. »
L’anonymat pour les cartes bancaires prépayées pénalise les clients PCS
Si l’on peut comprendre la nécessité de lutter contre le financement occulte du terrorisme, la réalité de terrain est que 60 % des clients de Creacard utilisent leur carte bancaire prépayée pour effectuer des achats en ligne en toute sécurité. C’est notamment le cas d’une majorité de clients mécontents ayant pris d’assaut la hotline de Creacard.
Le scénario est toujours le même, leur carte bancaire prépayée fonctionnait parfaitement avant le passage à l’an 2017, mais désormais il leur est impossible d’effectuer le moindre achat en ligne, pire à chaque tentative refusée, c’est une commission de 0,20 € prélevés.
De nombreux clients persuadés d’être victime d’une arnaque ont d’ailleurs décidé de déposer plainte auprès du procureur de la république. Pourtant la société Creacard communique autant qu’elle peut afin de contenir la vague de mécontentement.
Ainsi la direction a publié un communiqué afin d’informer les clients qu’ils seraient remboursés des sommes indûment perçues. Pour aller plus loin Creacard a annoncé le déploiement de 3000 tablettes tactiles sur les points de vente de ces cartes PCS afin d’aider les buralistes dans l’édification des clients. Enfin, la start-up a aussi annoncé l’ouverture dans le quartier de la Bastille à Paris d’une boutique Creacard pour assurer le service après-vente.