Le cabinet Gartner a réalisé une étude en 2016 auprès de 100 directeurs de l’innovation du secteur financier. Les mutations qui secouent le secteur financier depuis quelques années ne vont aller qu’en s’accélérant. Bien qu’aujourd’hui la question de la maturité soit tout à fait légitime, force est de constater que le chemin parcouru est remarquable.
L’innovation dans le secteur financier, une nécessité urgente
Cette enquête est un véritable état des lieux de l’innovation dans le secteur financier, elle se base sur quatre critères pour mesurer la capacité à innover, à savoir les objectifs, les priorités technologiques, les modèles, et les défis à relever. Chacune de ces dimensions permet de mieux mesurer les facteurs d’optimisme, mais aussi les mauvaises habitudes qui plombent le secteur financier. Bien que l’étude du cabinet Gartner ne soit pas disponible au commun des mortels, l’on peut déjà annoncer sans risque de se tromper que les différences entre les établissements financiers sont importantes. Ainsi que l’état d’avancement de leur projet, ou de leur vision du Nouveau Monde financier dominé par les Fintechs.
Malgré tout quelques points positifs peuvent être relevé dans l’étude Gartner, c’est notamment le cas de la collaboration avec les clients de ces institutions financières. Ainsi celles-ci comprennent parfaitement la nécessité d’utiliser les nouvelles technologies, et de faire un effort afin d’engager les décideurs. Malheureusement ces points positifs cèdent rapidement le pas au travers habituel, soulevant tant d’inquiétude dans la capacité du secteur financier à conduire sa mutation.
Comment éviter l’instant Kodak, sous la pression des FinTech ?
L’étude Gartner bien que celle-ci soit d’une aide inestimable pour bien comprendre les objectifs et les initiatives des institutions financières, celle-ci a tendance à mélanger les moyens et cibles. C’est notamment le cas lorsqu’il s’agit de mesurer le degré de co innovation, puisque c’est l’un des objectifs avérés de cette étude. Plus grave, cependant, la plupart des critères jugés importants (améliorations opérationnelles, réduction des coûts…) pointent vers une recherche de progrès incrémental.
Ce qui confirme le manque de discernement de nombre de responsables chargés de l’innovation, beaucoup d’entre eux estimant qu’il n’y a aucune pression à développer de nouveau business modèle. Pire encore, 75 % d’entre eux sont persuadés que les modèles utilisés aujourd’hui perdureront ad vitam aeternam. Comment ne pas dans ces conditions penser aux exemples passés de disruption à l’image de Kodak, Nokia, etc. la chute de ces géants pour ne pas dire leaders devrait inciter les entreprises quelles que soit leur secteur d’activité à envisager un scénario catastrophe afin de mettre en place des solutions de rechange.
Le secteur financier traîne les pieds pour innover
En effet, comment faire l’impasse sur l’absence d’une infrastructure informatique adéquate, dans laquelle il faut bien le dire trop peu d’efforts sont consacrés dans les DSI. Ensuite, parce que le premier point de blocage identifié est d’ordre politique ou réglementaire, ce qui paraît être un prétexte fallacieux dans bon nombre de cas . Entre les deux, figurent, logiquement, les carences de la culture d’entreprise. Mais il faudra tout de même veiller à ne pas faire de l’engagement des décideurs, une excuse toute trouvée à l’inaction ni, surtout, surpondérer l’apport des solutions dans la capacité à identifier, en amont, les problèmes à résoudre par l’innovation.
Cette impression est, hélas, confirmée par un autre résultat de l’étude, selon lequel près de 3 répondants sur 4 ne ressentent aucune pression pour la recherche de nouveaux « business models » et considèrent au contraire que les modèles existants perdureront ad vitam æternam. Même sans vouloir être alarmiste, les exemples passés de disruption (Kodak, Nokia… parmi tant d’autres) devraient inciter les entreprises de tout secteur à envisager un scénario catastrophe et à rechercher des solutions de secours.
Pourtant, il existe de nombreuses technologies qui permettent aux acteurs de la banque et de la finance d’assurer leurs mutations. Dans l’étude du cabinet Gartner, c’est le big data qui est cité le plus fréquemment, suivi de la Blockchain, tandis que les applications font un retour en force, bien que leur utilisation est bien installée dans le paysage. Bizarrement, les API ouvertes qui sont l’une des opportunités majeures ne sont citées qu’en septième position.
Conclusion sur L’état des lieux de l’innovation dans le secteur financier
L’état des lieux de l’innovation dans le secteur financier permet d’en savoir plus quant au degré de conscience des enjeux et défis, mais aussi des moyens disponibles aujourd’hui, et ceux à mettre en place dans un futur proche pour les aborder sereinement. Toutefois, il est inquiétant que les décideurs ne soient pas plus concernés et sensibiliser sur le niveau de transformation qu’il faudra accomplir. S’il est vrai qu’au vu de la tâche, la stratégie des petits pas est indispensable, surtout pour la gestion au quotidien. Il faudra néanmoins être en mesure d’appréhender en parallèle les évolutions radicales afin d’inventer les services financiers du futur
Dans l’ensemble, les résultats de l’enquête ne recèlent pas de surprise majeure. Ils sont plutôt rassurants quant à la prise de conscience des enjeux et défis de l’innovation et sur les moyens de les aborder. Malheureusement, l’ambition reste encore sérieusement limitée quant à l’échelle des transformations qu’il faut envisager. Les petits pas sont indispensables au quotidien mais il faut impérativement appréhender, en parallèle, les évolutions radicales qui feront les services financiers de demain.